dimanche 22 février 2009

Mina, un monument de la chanson italienne






A la fin des années 50, la chanson italienne va connaître dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis une incroyable popularité. Des airs comme volare, bambino, romantica, souvent lancés par le très médiatique festival de San Remo seront sur toutes les lèvres. Evidemment le cinéma italien va s’emparer du phénomène et mettre en boite de nombreux films dont le seul prétexte est de proposer aux spectateurs un large choix des airs à la mode et des artistes en vogue, comme la chanteuse Mina.


Née en 1940, celle qu’on surnommera la « tigresse de Cremona » débute par hasard dans la chanson en s’inscrivant dans un concours de chant pour épater des copines. Très vite, elle enregistre diverses chansons à la mode en anglais sous le pseudonyme de baby Gate. Mais c’est sous le diminutif de Mina, et avec un répertoire en langue italienne (notamment Le twist « tintarella de Luna » (qu’on entend dans Rocco et ses frères) et le beau slow « il cielo in una stanza ») qu’elle va devenir extrêmement célèbre en fort peu de temps. Elle fait partie de cette nouvelle vague d’interprète qu’on baptise les « hurleurs » (des précurseurs de Lara Fabian et toutes les chanteuses actuelles?). Le cinéma s’empare tout de suite du phénomène et en 3 ans, Mina va jouer dans 8 films, tantôt en guest star venue interpréter son dernier tube, tantôt en vedette. Son personnage de grande bringue un peu farfelue plait. Coté look, elle semble à l’époque s’inspirer de Monica Vitti. (Elle chante d’ailleurs un vilain twist dans l’Eclipse d’Antonioni).Que dire de ses films ? Ils n’ont d’intérêt que pour les amateurs de chansons !
En 1962, Mina remporte un fulgurant et inattendu succès en Allemagne suite à son apparition dans un show de Peter Kraus (Heisser sand sera le plus gros succès de 1962 outre Rhin). Du coup, elle paraît dans « les filles aiment ça » un schlagerfilm avec Peter (1962).

En 1963, Mina chante encore dans un film à chansons :Canzoni nel mondo. La différence est que l’affiche est très internationale : Dean Martin, Marpessa Dawn, Juliette Gréco, Rika Zaraï ! Une vraie curiosité, mais dommage que sa séquence soit si mal filmée avec un décallage constant entre le son et le mouvement de ses lèvres! Puis, c’est le scandale : Mina s’éprend de l’acteur Corrado Pani, et donne naissance à un bébé alors que Pani est marié avec une autre ! Pendant des mois, Mina sera bannie de la télévision. Néanmoins, l’énorme succès de Citta vuota (de Mort Schuman) et d’un anno d’amore (un tube jusqu’au Japon et en Espagne, repris par Luz Casal dans Talons aiguilles) la relance et la Rai finit par lui rouvrir les bras. Dans son show studio une (1965) elle accueille et chante en duo avec la crème du cinéma italien (Toto, Mastroianni, Sordi, Brazzi…). Elle triomphe en animant Canzonissima (1968) avec l’acteur Walter Chiari, son compagnon de l’époque. Les numéros musicaux du show télé sont de grand calibre : en effet, la Rai n’a pas hésité à engager Hermes Pan pour la chorégraphie ! Se prêtant à tous les styles musicaux (rock, pop, opérette…) et vestimentaires, Mina y révèle une incroyable versatilité qui fera dire à Louis Armstrong qu’elle est la plus grande artiste blanche de la chanson ! Si malheureusement la quantité des disques qu'elle a enregistré l'a parfois emporté sur la qualité, force est de constater que Mina "la femme aux 100 voix" possédait d'incroyables possibilités. Son improvisation sur in the mood , colorée de scats et d’envolées suraiguës, est en effet assez ébouriffante. En 1967, Mina fait une apparition dans une version musicale d’Aladin et la lampe merveilleuse dont Gianni Morandi est la vedette. Son passage, qui met bien en valeur l’aspect fantasque et inclassable du personnage est vraiment réussi. Hélas, sa carrière au cinéma s’arrêtera là.
Dans les années 70, Mina va connaître encore de très gros succès dans la chanson (Never never never, repris par Shirley Bassey puis Celine Dion, parole parole, repris en France par Dalida, questione di feeling avec Cocciante, des duos avec Celentano).
En 1978, au sommet de sa gloire, Mina abandonne la scène et décide de ne plus se montrer au public (on murmure alors qu’elle souffre de gros problèmes de santé). Elle va continuer pourtant et continue toujours d’enregistrer très régulièrement des disques (elle a même repris Billie Jean de Michael Jackson, into the groove de Madonna, ou des airs du Rocky horror picture show) qui seront tous des succès (parmi les plus étonnants, un CD de chants liturgiques, qui vaut le détour). C’est donc un phénomène « un monument » pour reprendre les mots de Richard Cocciante, qui à l’égal de Johnny Hallyday en France, connaît un succès ininterrompu depuis plus de 50 ans.
Deux films de Mina sont ressortis en DVDs en Italie, pour les amateurs de chanson italienne de la grande époque de San Remo.

6 commentaires:

  1. Mina la géniale ! elle doit être ravie de voir son public s'étendre au monde grâce à Internet !
    http://legaysavoir.blogspot.com/

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  2. Mina, un monument ? UN MONSTRE! d'une ampleur supérieure à celle d'Hallyday...Son marché couvre tout le basson méditéranéen, (espagne, italie, turquie) et l'amérique du sud...) et grêce au Net, on peut -enfin- s'acheter des disques d'elle en France !

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  3. Liza Minnelli a récemment déclaré à la télé italienne, pour la plus grande joie des téléspectateurs , que Mina était la plus grande chanteuse du monde.
    Ses shows télé ont ressortis en DVD et je les conseille vivement car ils illustrent bien l'incroyable versatilité de cette chanteuse au talent sans bornes.

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  4. Je l'aime toujours autant, 20 ans après l'avoir décfouverte, d'abord à travers ses fascinantes pochettes de disques. La diva assoluta.

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  5. toujours autant de plaisir à lire sur elle !

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  6. Mina, moi je l'ai découverte il y a fort longtemps, dans les années 60 !
    Vous omettez de parler de ses multiples passages dans des émissions populaires de l'ORTF, comme Samedi et companie en 1969 ou chez Michel Drucker en 1975 ou elle chante "Et puis ça sert à quoi", version française de "E poi", qui s'est maintenue dans les premières places du hit parade pendant plusieurs semaines.
    A cette époque elle chante également "Comme un homme" chanson spécialement écrite pour elle par Pierre Delanoé sur une musique se Gabriel Yared, chanson retenue pour le lancemant en France de la première Année internationale de la Femme.
    Mina a une trentaine de chansons en français à son actif !

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